Quantcast
Channel: Goopilation » Interviews
Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

[Interview] Larry Page tacle Facebook et Apple

$
0
0

Larry Page, cofondateur et PDG de Google, a donné une interview au magasine américain Wired. Dans cette interview, Page répond à des questions sur la thématique de l’innovation et de la concurrence, et aborde notamment le projet Google X, le bilan de Google+, et sa vision de l’ouverture sur Internet.

Voici la traduction complète de cette interview :

Google est connu pour encourager ses employés à relever des défis ambitieux et à prendre des risques. Pourquoi est-ce si important ?

Larry Page : Je crains que quelque chose ait mal tourné dans la façon dont nous dirigeons nos entreprises. Si vous lisez la couverture médiatique de notre société, ou du secteur technologique en général, tout est une question de compétition. Les articles sont écrits comme s’ils couvraient un évènement sportif. Mais il est difficile de trouver des exemples de produits réellement innovants, ayant vus le jour uniquement pour des raisons de concurrence. Est-ce vraiment excitant de venir au travail tous les matins dans le seul but d’écraser d’autres entreprises dont l’activité est sensiblement la même que la votre ?

C’est pour cela que la majorité des entreprises décline lentement avec le temps. Elles ont tendance à répéter ce qu’elles font déjà, avec à chaque fois de petites améliorations. Il est naturel de vouloir travailler sur quelque chose dont le succès est assuré. Mais l’amélioration incrémentale finit forcément par devenir obsolète. Tout particulièrement dans le secteur high-tech, où vous savez que des changements non incrémentaux vont se produire.

Une grande partie de mon job consiste à inciter les personnes qui m’entourent à se concentrer sur des choses non incrémentales. Prenez Gmail. Lorsque nous avons lancé ce produit, notre coeur de métier était la recherche ; nous lancer dans les services de messagerie représentait un saut hors de notre zone de confort. Ce ne serait pas arrivé si nous n’avions que procédé à des améliorations incrémentales.

Mais vous devez également améliorer graduellement vos produits existants, non ?

Larry Page : Bien sûr. Mais de temps en temps, chaque n année, vous devez prendre le temps de travailler sur un sujet qui vous passionne vraiment. Je pourrai vous dresser une liste de 10 choses qui ne vont pas dans les emails. J’essai de garder des listes comme celle-ci dans ma tête.

Vous avez désormais une division dédiée à ce genre de projets, comme les voitures autonomes, nommée Google X. Pourquoi avez-vous décidé de consacrer un département entier à cela ?

Larry Page : Je crois fermement que nous devons aller vers davantage d’innovation non incrémentale dans tous les secteurs. Mais pour le moment, Google X se consacre à des projets de façon plus indépendante.

Vous savez, nous avons constamment ce genre de débat : nous avons tout cet argent, nous avons toutes ces personnes, pourquoi ne faisons nous pas plus. Vous pourriez dire qu’Apple concentre ses activité sur un nombre très limité de domaines, et que cela leur réussit plutôt bien. Mais je trouve ça peu satisfaisant. Chez Google, nous nous attaquons à 0.1% de ce que nous pourrions faire. Et l’ensemble des entreprises technologiques ne parviennent qu’à seulement disons 1%. Il reste donc 99% de territoire vierge. Les investisseurs sont toujours inquiets : « oh, vous allez encore dépenser tout cet argent dans des projets fous« . Mais ces projets autrefois « fous » sont ceux qu’ils adorent le plus aujourd’hui : YouTube, Chrome, Android. Si vous ne faites rien de fou, alors vous ne faites pas les bonnes choses.

Vous pourriez dire qu’Apple concentre ses activité sur un nombre très limité de domaines, et que cela leur réussit plutôt bien. Mais je trouve ça peu satisfaisant.

D’un autre côté, ceux qui innovent le plus semblent prendre le plus de coups. Regardez l’expérience de Xerox PARC, leurs fantastiques innovations n’ont pas semblé vraiment les aider.

Larry Page : PARC avait un fantastique département Recherche, et ils ont inventé une bonne partie des outils de l’informatique moderne. Mais ils n’étaient pas suffisamment tournés vers la commercialisation. Vous avez besoin des deux. Prenez une entreprise que j’admire, Tesla. Non seulement ils ont conçu une voiture particulièrement innovante, mais ils consacrent en plus 99% de leurs efforts à essayer de l’emmener vers les consommateurs. Lorsque j’étais enfant, je voulais être inventeur. Puis je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’histoires tristes sur les inventeurs, comme Nikola Tesla, des gens extraordinaires, mais qui n’ont eu que peu d’impact, car ils n’ont jamais transformé leurs inventions en succès commercial.

Pourquoi ne voyons-nous pas plus de gens ayant ce genre d’ambition ?

Larry Page : Il n’est pas facile de trouver le bon filon. Et nous n’enseignons pas aux gens à identifier ces projets délicats. Il n’existe aucune école pour apprendre sur quel genre de programmes techniques il est bon de travailler. Aucun diplôme la dessus. Nos systèmes forment nos ingénieurs à se spécialiser, pas à choisir les projets susceptibles d’avoir un réel impact sur la société.

Je sais que vous et Sergey Brin, avec qui vous avez cofondé Google, réfléchissaient depuis longtemps à ce genre de défis. Dans une interview datant de 2002, vous m’aviez déjà tous deux parlé du projet Google Glass dans ses grandes lignes.

Larry Page : Pourquoi ne l’avons-nous pas fait à l’époque dans ce cas ? Nous aurions eu beaucoup plus de temps ! C’est comme les voitures autonomes. Je voulais déjà m’attaquer à ce projet lorsque j’étais étudiant à Stanford il y a plus de 14 ans. La seule chose qui a changé depuis, c’est que nous avons eu le courage de le faire.

Google X mis à part, qu’est-ce qui occupe votre temps chez Google ?

Larry Page : Une grande partie de mon travail à l’heure actuelle consiste à garantir une excellent expérience utilisateur sur l’ensemble de nos produits. Que vous utilisiez Chrome, Gmail, ou notre moteur de recherche, cela reste Google, avec une expérience d’utilisation reconnaissable et consistante. Ce n’est pas bon s’il y a 50 façons différentes de partager quelque chose. Nous avons besoin d’intégration.

Alors que Google est de plus en plus assimilé à une entreprise puissante et parfois effrayante, devient-il difficile d’implémenter d’important changements ?

Larry Page : C’est certes plus compliqué, mais les bénéfices sont également plus importants. Nous avons un milliard d’utilisateurs sur nos produits.

Mais avez-vous suffisamment expliqué vos intentions ? Prenez la recherche de livres. Offrir un moyen de rechercher parmi tous les livres du monde semble être incroyablement bénéfique. Mais vous vous heurtez constamment à des levers de boucliers.

Larry Page : C’est pour le moins déplaisant. Mais citez-moi une seule entreprise qui a échoué à cause de contestations. Je n’en vois pas. Les entreprises échouent car elles font les mauvais choix, ou car elles ne sont pas ambitieuses, pas à cause de contestation ou de la concurrence.

Steve Jobs se sentait lui assez compétitif pour déclarer la « guerre thermonucléaire » à Android.

Larry Page : Et quel est le résultat ?

Pensez-vous que l’énorme part de marché d’Android est décisive ?

Larry Page : Android connaît un succès certain, et nous en sommes très contents.

Imaginiez-vous un succès de cet ampleur lorsque vous avez racheté la petite entreprise d’Andy Rubin en 2005 ?

Larry Page : Nous avons une assez bonne aptitude à voir ce qui est de l’ordre du possible, et à ne pas nous laisser freiner par le status quo. A l’époque où nous avons racheté Android, il est était assez évident que les systèmes d’exploitation mobiles étaient vraiment dépassés. Comparez à ce que nous avons maintenant. Donc non, je ne pense pas que le pari que nous avons fait sur Android était aussi risqué que cela. Vous deviez juste avoir la conviction de procéder à des investissements sur le long-terme, et croire fermement que les choses pouvaient n’être que meilleures.

Un domaine dans lequel vous semblez motivé par la concurrence est le social. Vous avez en effet travaillé dur pendant ces deux dernières années sur un secteur alors dominé par un seul rival, Facebook. Ce n’est pas le cas ?

Larry Page : Ce n’est pas comme cela que je vois la chose. Nous avions un réel problème avec les façons dont nos utilisateurs partageaient l’information, exprimaient leur identité, etc. Et oui, une entreprise est implanté dans ce secteur. Mais ils font également beaucoup d’erreurs sur leurs produits. Pour que nous réussissions, d’autres entreprises doivent mourir ? Non. Nous faisons en fait quelque chose de différent. je pense qu’il est outrageux d’affirmer qu’il n’y a de la place que pour un seul acteur dans un domaine donné. Lorsque nous avons lancé notre moteur de recherche, tout le monde s’est exclamé : « vous allez échoué, il y a déjà 5 sociétés sur le secteur« . Ce à quoi nous avons répondu : « nous faisons de la recherche, mais nous le faisons différemment« . C’est comme cela que je vois le domaine du social.

Et oui, une entreprise est implanté dans ce secteur. Mais ils font également beaucoup d’erreurs sur leurs produits.

Quel est votre bilan de Google+ ?

Larry Page : Je suis très satisfait de notre parcours. Nous travaillons sur beaucoup de projets très intéressants. Et nombreux ont été copié par nos concurrents, donc je pense que nous sommes sur la bonne voie.

Android s’est toujours targué d’être une plateforme plus ouverte, comparée à l’approche d’Apple. Cette différence de stratégie s’est particulièrement fait sentir lorsque Apple a choisi de se passer de Google Maps sur iOS6 pour lancer leur propre service de cartographie. Est-ce que cette décision renforce votre engagement vers plus d’ouverture ?

Larry Page : Je ne veux pas commencer nos relations commerciales. Mais nous avons consacré beaucoup de temps à Google Maps, et il est bon de voir que les gens s’en rendent à présent compte.

Vous voyez, vous pouvez avoir le meilleur service de cartographie du monde, mais si personne ne l’utilise, quelle différence ? Notre philosophie a toujours été d’offrir nos produits au maximum de gens possibles. Malheureusement, ce n’est pas toujours facile de nos jours. Le Web a été bénéfique pour cela, nous avons pu proposer nos produits à tous, très rapidement, et avec de la qualité. Nous faisons aujourd’hui machine arrière avec de plus en plus de plateformes disponibles. Les entreprises essaient de tout privatiser, et je pense que cela va nuire à la l’innovation.

Les entreprises essaient de tout privatiser, et je pense que cela va nuire à la l’innovation.

Google a été menacé par le système des brevets, un problème que vous avez résolu en rachetant le portefeuille de Motorola.

Larry Page : Nous avons également acheté l’entreprise, dans son intégralité.

En effet. Mais étant donné que seuls des produits déjà existants ont été lancés depuis votre acquisition, nous ne savons pas ce vous comptez faire de cette entreprise. Devons-nous nous attendre à ce que Google soit aussi innovant et agressif avec Motorola qu’il l’a été dans d’autres secteurs ?

Larry Page : Comme nous l’avons expliqué au moment de l’acquisition de Motorola, l’entreprise reste une unité indépendante, avec à sa tête Dennis Woodside. Il reste cependant beaucoup de place à l’innovation. Les téléphones que nous utilisons aujourd’hui ont des écrans en verre, que tout le monde a peur de briser au moindre impact. Dans 5 ou 10 ans, il en sera autrement. Il va y avoir beaucoup de changements.

A cet instant, quiconque allant sur la page d’accueil de Google peut voir un lien vers une page d’information sur les méfaits d’une proposition d’Union Internationale des Télécommunications, susceptibles de restreindre l’ouverture d’Internet. L’année dernière, vous avez entrepris une initiative similaire contre la proposition de loi SOPA. Nous n’étions pas habitué à voir ce genre de lobbying sur la Google.com. Pourquoi le faire aujourd’hui ?

Larry Page : Réfléchissez à notre propre histoire. Lorsque nous avons fondé Google, la régulation était déjà au centre des débats. Souvenez-vous, le seul fait de copier un fichier d’un ordinateur à un autre était considéré comme un acte de piratage. Nous avons stocké tout Internet sur nos serveurs, donc si ce genre de régulation voit le jour, autant dire adieu aux moteurs de recherche. Internet a été particulièrement bénéfique pour les entreprises, et dans 10 ou 20 ans, nous nous rendrons compte que nous avons été à deux doigts de mettre un point final à ce système.

Je devine que parler aux régulateurs n’est pas votre tâche favorite.

Larry Page : J’aime parler à tout le monde. C’est dans ma nature. Mais je pense que la menace pesant sur Internet n’a jamais été aussi grande que maintenant. Les gouvernements ont peur d’Internet à cause des printemps arabes, et ils sont plus enclins à écouter les intérêts commerciaux de personnes dont le seul objectif est de se faire de l’argent en bridant la liberté de chacun. Mais il y a également eu énormément de réactions d’internautes, comme les protestations contre SOPA. Je pense que les gouvernements combattent la liberté des peuples à leur propre perte.

Je pense que les gouvernements combattent la liberté des peuples à leur propre perte.

Comment parvenez-vous à maintenir l’esprit Google, dont l’obligation de penser gros, dans une si grosse entreprise ?

Larry Page : Nous sommes une entreprise de taille moyenne en terme de masse salariale. Nous avons des dizaines de milliers d’employés. D’autres entreprises emploient des millions de gens. C’est un facteur de cent. Imaginez ce que nous pourrions faire avec autant de ressources.

Vous organisez une réunion hebdomadaire, où n’importe quel employé peut vous interpeller, soit en personne, soit virtuellement. Comment parvenez-vous à garder ce genre d’intimité connaissant votre croissance ?

Larry Page : Tout s’adapte. Nous devons faire attention aux fuseaux horaires car nous avons des employés partout dans le monde. Nous faisons désormais cette réunion le mardi, afin que les collaborateurs habitant en Asie puissent nous rejoindre pendant leur semaine de travail. Cette façon de fonctionner convient plutôt bien à notre taille, et je suis certain qu’elle peut convenir à des entreprises employant jusqu’à un million de collaborateurs.

Attendez, c’est la deuxième fois que vous mentionner le chiffre d’un million d’employés.

Larry Page : Walmart emploie plus d’un million de personnes, non ? Ok, peut-être n’est pas si important que cela pour nous d’avoir un million d’employés, mais j’aime croire qu’il est possible de rester innovant même à cette taille. Ce serait génial pour nous. Nous sommes une des plus grosses entreprises du monde, et j’aimerai que nous fassions plus, sans nous contenter de faire ce que d’autres ont déjà fait.


® Goopilation, 2013. | Lien vers l'article | Aucun commentaire
Publier sur : del.icio.us, Facebook, Twitter


Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Latest Images

Vimeo 10.7.0 by Vimeo.com, Inc.

Vimeo 10.7.0 by Vimeo.com, Inc.

HANGAD

HANGAD

MAKAKAALAM

MAKAKAALAM

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Vimeo 10.6.2 by Vimeo.com, Inc.

Vimeo 10.6.2 by Vimeo.com, Inc.

Vimeo 10.6.1 by Vimeo.com, Inc.

Vimeo 10.6.1 by Vimeo.com, Inc.





Latest Images

Vimeo 10.7.0 by Vimeo.com, Inc.

Vimeo 10.7.0 by Vimeo.com, Inc.

HANGAD

HANGAD

MAKAKAALAM

MAKAKAALAM

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Doodle Jump 3.11.30 by Lima Sky LLC

Vimeo 10.6.1 by Vimeo.com, Inc.

Vimeo 10.6.1 by Vimeo.com, Inc.